Après une longue hésitation, des amis m’ont convaincu de publier mes carnets de voyage. C’est donc ici qu’ils prendront place, au moins ce blog servira à quelque chose ! Ces carnets sont issus des notes que je prends presque quotidiennement en voyage (souvent dans les transports) et relatent les expériences heureuses ou malheureuses, les moments partagés avec les rencontres de passages, les visites etc. C’est ainsi l’occasion pour vous de découvrir ce qui se cache derrière les beaux clichés que je peux ramener. La réalité est souvent plus dure ! Je m’attarde souvent à décrire et raconter l’histoire des lieux et villes que je traverse ainsi que la personnalité des personnes que je rencontre et la vie quotidienne du backpacker.

Que ces récits servent d'expériences à tous les voyageurs itinérants comme moi qui aiment parcourir le monde.

30.6.08

Des îles oubliées par le temps

Le parc national Canaima au Vénézuéla et ses célèbres Tepuis

Imaginez un monde vierge, fantomatique, protégé de toute action humaine et encore partiellement inexploré... Un monde perdu en somme suspendu entre ciel et terre. Les immenses montagnes à sommet plat de l'Est du Vénézuéla, appelées tepuis, constituent des ensembles écologiques uniques où le temps semble s'être arrêté depuis longtemps. Ces tepuis culminent jusqu'à 1500 mètres au dessus de la jungle et sont formés de grès induré datant de 1,8 milliard d'année et qui sont restés en relief avec l'érosion différentiel. Les sommets des tepuis n'ont ainsi plus de contact avec la surface du sol depuis des millions d'années.
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Les conditions tellement particulières qui rêgnent sur ces impressionnantes tables et leur isolement ont favorisés l'apparition d'une flore unique dont 50% est endémique (elle existe ici et nul par ailleurs)! Le climat au sommet des tepuis est frais et hyperhumide avec des gels nocturnes, une mer de nuage enveloppe régulièrement les montagnes. Mais le sol est très pauvre et ne constitue qu'une fine pellicule sur les roches très dures. Dans de si rude condition, la faune et la flore est pauvre et très adapté au milieu. La surface des tepuis ressemble à un labyrinthe minéral au prise avec le vent et l'eau qui y ont formé d'étranges formes de relief. Nombreuses espèces de mousses, lichens ainsi que des orchidées forment la composition végétale de cette niche écologique unique.














La surface des tepuis







Pendant longtemps inexplorés, les tepuis ont finalement révélé une partie de leurs secrets en 1884 quand 2 intrépides explorateurs britanniques ont atteint le sommet du tepui Roraima à la frontière entre le Vénézuéla, la Guyana et le Brésil : Everard im Thurn et Harry Perkins. Leur ascencion et leur découverte va d'ailleurs inspiré l'auteur Conan Doyle qui y situera son Monde Perdu (The Lost World en 1912) où aurait survécu les dinosaures. Certaines de ces tables de pierre n'ont encore jamais été explorées et cachent encore leur environnement unique et iréel ... Avis aux amateurs!!!
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Le mont Roraima

Informations complémentaires :
Mount Roraima: an Island Forgotten by Time by Lindsay Elms
L’ascension d’un journaliste au mont Roiraima

16.6.08

Le Cap Cod : les enjeux d'un parc national périurbain

D'après l'article de Claire Leduc parut dans l'Information géographique n°4, 2005 : Entre devoir de préserver et droits d'user, compromis territorial sur la côte mégalopolitaine.


Loin des vastes étendues sauvages et peu habités des grands parcs nationaux de l'Ouest Américain, de nouveaux espaces de préservations ont vu le jour dans les années 60 mais soumis à des contraintes très particulières car ces parcs sont pour la plupart des littoraux très urbanisés de la côte mégalopolitaine. C'est en particulier le cas du Cap Cod, cette longue péninsule au Sud de Boston maintenant protégé par le Littoral National (LN). Comment la préservation du parc naturel du Cap Cod, espace soumis à une forte pression humaine, peut-elle répondre aux enjeux de préservation et d'aménagement des multiples acteurs impliqués ?


Tout d'abord quel est le contexte de création du parc et son but ?
Le Cap Cod est une longue flèche sableuse qui s'enfonce d'une cinquantaine de kilomètre dans la mer modelé par le vent et les courants ce qui en fait un milieu mouvant et fragile. C'est également un espace fortement urbanisé où s'imbrique de façon complexe des propriétés privées bâties, des infrastructures et des espaces naturels (dunes, forêts, marais). Devant le développement exponantiel de construction résidentiel ces parcs nationaux seront d'abord des freins à l'urbanisation, en 1955 près de 85% du cap était privatisé ! Le Cap Cod va être attribué de 3 valeurs patrimoniales :

- une valeur naturelle pour la richesse de faune et de sa flore
- une valeur historique, le cap est un des lieux les plus anciennement colonisé par les migrants européens
- une valeur paysagère, lieu de ressource et de récréation pour les citadins.
Le parc est donc à l'intersection de considérations naturelles, humaines et sociales qu'il faudra tenir en compte dans son mode de gestion.


La gestion du parc va s'avérer complexe à cause des conflits d'intérêts entre les divers acteurs.
L'acquisation des terres (55% des terres convoitées étaient privées) résultera d'un consensus entre les intérêts privés, les communes et le gouvernement fédéral. Le cadre législatif avec l'élaboration d'un plan d'occupation des sols rigoureux va permettre l'extension du parc et de limiter les usages sur le cap notamment en gelant le processus de périurbanisation.
Cependant la mise en place du parc va accroître la pression foncière en raison d'aménagements de plus en plus contrôllés. La population du Cap Cod a doublé en 40ans sur une surface réduite de moitiée ! Le parc stérilise le développement des communes souvent confrontées à l'exiguité des surfaces aménageables. Cette mauvaise prise en compte de la donnée humaine aboutit à terme a de réelles menaces sur l'avenir du parc :
- les aménagements susceptibles de freiner la forte érosion littorale sont refusés car contraire aux dynamiques naturelles.
- la rénovation des infrastructures élémentaires à la vie des habitants est limitée par le plan de gestion du parc, ainsi des pollutions des puits d'alimentations en eau potable ont été détectées à cause de leur proximité avec des systèmes sceptiques mal entretenus.
- le problème de la pollution atmosphérique est également récurrant à cause du voisinage d'une mégalopole de plusieurs millions d'habitants.


Enfin comment allier préservation et fréquentation touristique ?
La mise en valeur d'un site provoque inévitablement l'accroissement de sa fréquentation et souvent sa dégradation. Le Littoral National du Cap Cod accueille de 4 à 4,5 millions de visiteurs par an, presque autant que les grands parcs de l'ouest américains beaucoup plus étendus. Le parc doit donc canaliser un grand nombre de visiteurs et aménager des infrastructures en conséquences. Un golf, un camping, des milliers de places de parking, des voies de communications et bien d'autres infrastructures constituent alors des attributs dont la préservation aurait pu se passer...
La spécificité de ce parc national de proximité à également permit une gestion spécifique, différente des autres parcs nationaux. La prise en compte des pratiques locales a incité à conserver certaines activités, la chasse notamment. Les lobbies de protection de la nature ont alors relevé l'ambiguité du parc de "préserver le Cap Cod en l'état". Le conflit s'instaure entre la volonté de protection de l'environnement et le besoin de garder des pratiques héritées. Les nouvelles pratiques touristiques menacent également l'environnement par des activités dégradantes comme le jet-ski ou le tout-terrain sur les dunes qui n'ont plus aucun lien avec les traditions locales.
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Ces parcs nationaux ont des enjeux spécifiques du car ils sont soumis à une forte pression humaine. L'enjeu de leur gestion doit donc prendre en compte les environnementaux, sociaux et économiques. La multiplicité des acteurs fait naitre des conflits d'usage qui remettent en cause le rôle du Littoral National. Ce type de préservation souligne les difficultés toujours plus grandes de protection de la nature face à des groupes de pression puissants et des contraintes budgétaires qui limite l'action des parcs. Les entreprises de protection de la nature relèvent d'initiatives nationales et ont été largement développés dans les pays du Nord. Mais ces actions sont de plus en plus développées dans les pays du Sud.
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Le Cap Cod : une préservation complexe entre espace naturel et espace résidentiel

2.6.08

Escale en Bavière

Une petite escale en Allemagne va nous faire découvrir ce beau pays relativement peu visité par les français : trop froid, peu d'attrait majeur, une langue dure et gutturale ?
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Des collines et montagnes boisées où se cachent de somptueux châteaux extravagants et des lacs couleurs émeraudes, des villes remarquables à l'architecture baroque et aux influences italiennes héritières des richesses de leur passé : et oui bienvenue en Bavière le plus grand et le plus beau des Länder allemands.


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L'Hôtel de ville et la tour Perlach

Notre voyage commence par l'une des plus vieilles villes d'Allemagne, Augsburg, fondée un peu avant l'ère chrétienne. Cette modeste ville de 260 000 habitants aujourd'hui, capitale de la Souabe, comptait parmi les plus importantes d'Allemagne durant le Renaissance. La cité bavaroise était un important carrefour de communication sur la route du sel entre la mer du Nord et l'Europe centrale et qui passait par Salzburg (Salz = Sel). La ville c'est donc enrichie grâce au commerce et à l'industrie textile au 15ème siècle mais son rôle le plus important sera celui de centre des finances de l'empire des Habsbourg. Jacques FUGGER (1459-1525), banquier de l'empire, sera l'homme le plus riche de la planète en son temps et va contribuer fortement au développement d'Augsbourg qui va connaître une floraison d'artistes et d'humanistes.

La réalisation la plus remarquable de Fugger est la création de la plus ancienne cité sociale du monde : le Fuggerei un centre pour abriter les habitants les plus nécessiteux. 66 maisons et une église ceintent d'un mur et de 4 portes qui constituent une ville dans la ville. Et le fonctionnement n'a pas changé depuis sa création en 1519. Chaque citoyen doit s'acquitter d'un loyer de 1 florin rhénan (0,88€) chaque année, l'obligation morale de prier 3 fois par jour et rentrer dans la cité avant la fermeture des portes à 18h !

une rue du Fuggerei


L'architecture flamboyante est aussi une marque de la richesse de la ville. Le baroque et les influences italiennes donnent une note très colorée aux façades des maisons. Augsburg est également une ville d'art et le lieu de naissance du père de Mozart : Leopold Mozart. Le jeune prodige passera une audition à l'école de musique de la ville mais ne sera pas retenue, la ville le regrettera quelques temps plus tard quand l'artiste fera ses débuts en Autriche. Pour consoler la cité bavaroise, Salzburg offrira 4 carillons des airs de Mozart à Augsbourg, des carillons que l'on peut entendre 4 fois par jour de la tour Perlach.

Les églises St Ulrich und Afra (St Ullrich, la grande église catholique à l'arrière-plan et Afra la petite église protestante au centre) rapelle que la Bavière est partagée entre catholiques et protestants mais l'influence des souverains de Bavière catholiques fut toujours prédominante.

Localisation d’Augsburg

1.6.08

München, paradis vert en Bavière

La Bavière rayonne avant tout grâce à Munich, une ville dominée par la dynastie des Wittelsbach de 1180 à 1918. L'installation d'un pont douanier sur l'Isar (la rivière qui traverse Munich et se jette dans le Danube) sur la route du sel sera à l'origine du développement d'une ville établi près d'un monastère d'où le nom de Munich (moine = Mönche en allemand).




Mais si on s'intéresse particulièrement à la capitale de la Bavière c'est grâce à sa très enviable qualité de vie pour une ville dépassant le million d'habitant ! Et pas seulement parce que c'est la ville la plus dynamique d'Allemagne, ici le chômage est quasi absent et les prix des loyers les plus chers du pays contrairement à toutes les autres villes.

Imaginez la ville parfaite où un maximum de place serait fait aux piétons et où les transports en communs permettraient de se rendre autant dans les principaux lieux de vie qu'au bord des lacs et des forêts entourant la ville. Mais une cité qui ne ressemblerai pas à une ville-nouvelle sans histoire mais à un joyau d'architecture mêlant rococo, baroque, classique avec des façades colorées à l'italienne et le charme des églises à bulbe d'Europe centrale. Des espaces verts couvrant 25% de la commune et l'Isar coulant au milieu où l'ont peu même pratiquer le surf !

Et oui c'est tout cela Munich, et les destructions de la dernière guerre y sont pour quelques choses. Après avoir été à moitiée détruites les urbanistes et aménageurs d'après-guerre ont pensés la ville durable de demain. Les bâtiments anciens ont été entièrement reconstruit ce qui donne un aspect très neuf au centre-ville malgré le style d'architecture.
Münich est également la ville de naissance du National-socialisme où Hitler fortifiera son partie avant de conquérir l'Allemagne. Des lieux célèbres gardent cette mémoire comme la brasserie Hofbräuhaus où Hitler tenait ses premiers meetings et l'Odeonsplatz devant lequel il échoua son putsh en 1923 et se fera arrêter.

Königsplatz

La ville conserve encore des bâtiments à l'architecture hitlérienne à Königsplatz : une place dallée de blanc (disparue) avec des édifices à l'architecture néoclassique stricte et sans fantaisie, une impression froide d'ordre et d'autorité. Ces bâtiments sont aujourd'hui assez dégradés, peut-être une volonté politique d'effacer l'héritage nazie au fil du temps...


Les Châteaux de Louis II de Bavière


Visite de Munich