Après une longue hésitation, des amis m’ont convaincu de publier mes carnets de voyage. C’est donc ici qu’ils prendront place, au moins ce blog servira à quelque chose ! Ces carnets sont issus des notes que je prends presque quotidiennement en voyage (souvent dans les transports) et relatent les expériences heureuses ou malheureuses, les moments partagés avec les rencontres de passages, les visites etc. C’est ainsi l’occasion pour vous de découvrir ce qui se cache derrière les beaux clichés que je peux ramener. La réalité est souvent plus dure ! Je m’attarde souvent à décrire et raconter l’histoire des lieux et villes que je traverse ainsi que la personnalité des personnes que je rencontre et la vie quotidienne du backpacker.

Que ces récits servent d'expériences à tous les voyageurs itinérants comme moi qui aiment parcourir le monde.

26.2.08

Petit détour par l'Exmoor

Pour beaucoup un petit tour du côté de nos voisins anglais ne représenterait pas un vrai voyage avec un grand V ! Trop proche, une sorte de copier-coller de nos paysages de l’ouest de la France : un vaste bocage dominé par l’élevage au climat similaire mais en plus exécrable ! Et pourtant, ce serait manqué de curiosité ! Vous trouverez vite que ces espaces paraissent plus vastes, le paysage semble beaucoup plus ouvert. Et pour cause, la platitude légendaire de nos plaines du Nord de la France ne permet pas d’embrasser l’espace de haut tandis que les verdoyantes collines britanniques offrent des panoramas stupéfiants !


Une autre dimension que notre modeste Massif Armoricain qui s’élève progressivement à 391 mètres par rapport aux puissants reliefs de l’Exmoor et du Dartmoor beaucoup plus vallonnés avec plus de 500 mètres d’altitude !


C’est donc dans l’Exmoor que je vous emmène, petit massif hercynien de la Cornouaille anglaise (Devon) qui ne manque pas de reliefs originaux et d’un littoral à coupé le souffle !

Les roches de l’Exmoor sont très anciennes et datent du Dévonien (roches très présentent dans le Devon) où elles se sont déposées dans une eau peu profonde à l’ère primaire. Ainsi contrairement au Dartmoor ou au Massif Armoricain, l’Exmoor n’est pas un massif granitique ! Durant la phase orogénique (naissance des montagnes) hercynienne le bassin sédimentaire c’est plissé sous la pression intense des mouvements tectoniques de cette époque.


Ainsi l’Exmoor n’est pas un massif résultant de l’émergence d’un pluton granitique mais le sommet d’un anticlinal (sommet du plissement). Différents formes d’érosion se sont alors exercés. Les glaciers du Würm n’atteignaient pas le massif mais il était cependant soumis à l’intense activité du gel (gélifraction) et les climats humides ont profondément disséqués le massif en de très nombreuses vallées encaissées sous l’action du ruissellement.

Exmoor National Park


Localiser l’Exmoor


Valley of Rocks

L'Exmoor révèle de nombreux lieux surprenant notamment par la forme de ses reliefs !
La valley of Rocks est l'un des lieux les plus emblématique tout proche des villages de Lynton & Lynmouth. Un amoncellement de rochers coupe l'accès à la mer et encadre une vallée couverte de lande et de bruyère.


Ces formations rocheuses ressemblent étrangement à des tors mais l'Exmoor n'est pas un massif granitique ! C'est peut être le dégagement de roches très dures et très agées (Dévonien) qui formé cette impressionnante muraille de pierre.



Mortpointe

Un petit bout du monde mythique termine l'Exmoor tourné vers l'Atlantique, le cap de Mortepointe (un nom un peu mortifère mais qui le vaut bien!). Evitez les plages trop bondées de Woolacombe pour aller dans un petit paradis sauvage aux formes rappelant plus les portes de l'enfer ! Le parc de Mortehoe National Trust est situé sur l'épine dorsale d'un dragon, une crête impressionante de rochers en forme de lance dressé vers le ciel s'enfonce progressivement vers l'océan. Et la tête du dragon est juste en face sur l'île désertique de Lundy.

Les roches terminant le cap sembleent avoir été attaqué par le sel, ce qui forme ces nombreuses cavités

9.2.08

New Look for London

Le quai des Canaries? Canary Wharf ! Drôle de nom et pourtant un quartier de plus en plus fréquenté par les financiers et hommes d'affaire britannique! En effet Londres s'offre une nouvelle centralité à l'image de Manhattan sur les anciens entrepôts des Docklands.


Que faire des quais, anciens bassins et entrepots de Dogs Island, le plus grand centre portuaire londonnien quand l'activité cesse brutalement dans les années 80? Devant la pénurie croissante de bureaux dans la City et l'augmentation des prix du loyer, la Corporation of the City of Lonndon décide de rénover ce quartier populaire de l'East End pour développer un ambition projet immobilier fondé sur la mixité fonctionnelle des buildings. Le projet se voulait ambitieux pour une ville-monde telle que Londres, la plus haute tour de Grande Bretagne, One Canada Square, fut construite en 1988 et symbolisa le renouveau des Docklands. Les tours alternent avec des entrepots réhabilités abritant des maisons d'éditions, des télécommunications, des bureaux d'études. La valorisation du patrimoine maritime a également été pris en compte. Le quartier ne se veut pas strictement réservé aux affaires mais comporte des secteurs résidentiels et même des hôtels haut de gammes.


Le succès de ce projet repose également sur une parfaite accessibilité de Dogs Island par les moyens de communication. La ligne de métro (Tube) Jubilee fut étendu jusqu'a Canary Wharf en 2000 et Londres se dota de la toute nouvelle ligne de tramway DLR (Docklands Light Railway) désservant tous les Docklands. L'aéroport métropolitain de London City situé juste à l'Est de Canary Wharf est également un élément essentiel permettant l'intégration du site aux réseaux des autres métropoles mondiales.
Longtemps quartier déshérité et en friche de l'East End londonnien, les Docklands se portent maintenant en concurrance avec la City et remet en jeu l'organisation spatial des activités tertiaire de la capitale britannique.
Localiser Canary Wharf

3.2.08

Clipperton, l'île oubliée

Clipperton ! Ce nom vous ne dit sûrement pas grand-chose mais c’est pourtant un territoire français très isolé dans l’océan Pacifique ! Pourquoi donc s’intéresser à ce petit atoll perdu de 7 Km² à 1200 Km des côtes mexicaines dont personne ne parle ? Et bien parce que malgré ces maigres ressources ce confetti fut l’objet de convoitise entre différents états et abritât même une colonie permanente dont le destin fut fatal.

L’île fut officiellement découverte par 2 frégates françaises, la Princesse et la Découverte en 1711. Mais durant presque 200 ans ce caillou perdu dans l’immensité Pacifique n’attira pas la foule ! Seule quelques missions de reconnaissance temporaires y faisaient escales pour y assurer une « présence » affirmant sa possession.
Cependant l’isolement de l’île ne rebuta pas les américains qui y établirent une présence exploitant la seule véritable ressource de l’atoll : le guano, le plus précieux des engrais agricoles. L’exploitation des gigantesques couches de fiente accumulées sur l’île ne demandant aucune technique particulière, les mexicains prirent la suite des américains en y établissant une colonie permanente d’une trentaine de personne pour y exporter le guano. Mais cette présence est aussi une façon de revendiquer l’îlot situé à un millier de kilomètre de leur côte. C’est ainsi que pendant une décennie une petite garnison va vivre sur cet îlot désolé comportant pour seule végétation 3 cocotiers ! Mais cette occupation qui frôle les limites de la survie va connaître une fin tragique quand les navires mexicains, seuls liens avec le monde extérieur vont cesser le ravitaillement de Clipperton…

Le 11 Septembre 1905, dix hommes débarquent avec femmes et enfants sur Clipperton sous les ordres du jeune officier Ramón Arnaud où ils vont exploiter les ressources en guano de l’île. La vie va alors s’organiser autour d’un camp d’une dizaine de baraques et d’un potager qui constituait le « village de Clipperton » au Sud-ouest de l’île. La communauté s’accommode assez bien de cet espace particulier et la rotation des navires Korrigan et Demócrata rompt la monotonie en approvisionnant l’île tous les 3 mois. La population de Clipperton va même s’agrandir avec quelques naissances. La paix et le calme règne alors sur l’île jusqu’en 1914 mais il n’en va pas de même au Mexique ! En effet la guerre civile éclate en 1910. Une révolte secoue le Sud du pays pour renverser le dictateur don Porfirio Díaz au pouvoir depuis 34 ans. La marine mexicaine va approvisionner Clipperton jusqu’en Janvier 1914 date à laquelle les permissionnaires vont être démis de leurs fonctions et oublier l’île avec ses habitants.
3 ans et demi, plus tard le 18 Juillet 1917, le lieutenant Kerr du navire américain « USS Yorktown » découvre alors la garnison en passant au large de l’îlot pour s’assurer que les allemands ne s’étaient pas emparés de l’atoll. Il ne restait plus que 5 femmes et 6 enfants. Dés Octobre 1914 les vivres commençaient à manquer, des femmes souffraient du scorbut et les décès allaient s’enchaîner les uns après les autres. Les habitants durent chasser les oiseaux et les pélicans et pêcher les rares poissons du lagon pour survivre. En mai 1915, le commandant Ramon, croyant voir une voile à l’horizon s’embarque avec 3 hommes sur une chaloupe pour aller à se rencontre mais l’embarcation se fracassera contre les récifs ne laissant aucun survivant. Alvarez, le seul homme restant de la garnison, prit de folie, se proclamera roi de Clipperton, infligeant aux femmes sa domination et ses excès. Le jour où le navire américain sauve les rescapés, les femmes assassinent le soldat Alvarez avant qu’il ne les tue en apercevant la silhouette du bateau.

L’exploration Jean Louis Etienne à Clipperton